Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/280

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LIVRE IV. — CHAP. VIII. 223 tendre, il ne faut que donner un peu plus de précision aux idées trop vagues de religion relatives a mon sujet. La religion, considérée par rapport at la société, qui est ou générale ou particuliére, peut aussi se diviser en deux especes : savoir, la religion de l`homme, et celle du citoyen. L3. pI`€I1'1IéI`€, SHIIS temples, SHDS autels, SHDS rites, bOI`I'lé€ au culte purement intérieur du Dieu supreme et aux devoirs éternels de la morale, est la pure et simple religion de l’Evangile, le vrai théisme, et ce qu’on peut appeler le droit divin naturel. L’autre, inscrite dans un seul pays, lui donne SCS CIICLIX, SCS p3II`OflS pI'OpI`€S et Il1Iél3II'€S; elle 3 SCS dogmes, ses rites, son culte extérieur prcscrit par des lois : hors la seule nation qui la suit, tout est pour elle infidele, étranger, barbare`; elle n’étend les devoirs et les droits de l’homme qu’aussi loin que ses autels. Telles furent toutes les religions des premiers peuples, auxquelles on peut donner le nom de droit divin civil ou positif (1). vaudrait mieux qu’une anarchie absolue qui est un état de guerre de tous 1 contre tous. 1 IV• Proposition. — Quoiqu’il soit vrai que les fausses religions, en ce qu'elIes ont de bon et de vrai qui est qu’il faut reconnaitre quelque divinité A laquelle les choses humaincs sont soumises, puissent suffzire absolument it la constitution des Etats... Wnnuunron, Seiriéme dissertation (nn). — En un mot et c’est la con- clusion de tout cet ouvrage: quiconque veut assurer le gouvernement civil doit le soutenir par la religion et quiconque veut étendre la religion doit employer le secours du gouvernement civil. Momzsqutzu, Esprit des lois, liv. XXIV, chap. 11. — M. Bayle a pré- tendu prouver qu’il valait mieux etre athée qu’idolatre, c’est·&-dire, en d’au- tres termes, qu’il est moins dangereux de n’avoir point du tout de religion que d‘en avoir une mauvaisen. Ce n’est qu’un sophisme fondé sur ce qu’il n’est d'aucune utilité au genre humain que l'on croie qu’un certain homme existe, au lieu qu’il est tres utile que l'on croie que Dieu est... Quand il serait inutile que les sujets eussent une religion, il ne le sersit pas que les princes en eussent et qu’ils blanchissent d’écume le seul frein que ceux qui ne craignent pas les lois humaines puissent avoir... La question n’est pas de savoir s’il vaudrait mieux qu’un certain homme ou qu’un certain peuple n’e1‘lt point de religion que d’abuser de celle qu’il a, mais de savoir quel est le moindre mal que l'on abuse quelquefois de la religion ou qu’il n‘y en ait point du tout parmi les hommes. (1) R. Emile, liv. IV. — Il fallait un culte uniforme, je le veux bien,