Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/282

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LIVRE IV. — CI-IAP. VIII. 225 que le prince, ni d’autres prétres que les magistrats. Alors mourir pour son pays, c’est aller au martyre; violer les lois, c’est étre impie; et soumettre un coupable a 1’exécra- tion publique, c’est le dévouer au courroux des dieux : Sacer estod. Mais elle est mauvaise en ce qu‘étant fondée sur l’erreur et sur le mensonge, elle trompe les hommes, les rend cré- dules, superstitieux, et noie le vrai culte de la Divinité dans un vain cérémonial. Elle est mauvaise encore, quand, de- venant exclusive et tyrannique, elle rend un peuple sangui- I`I8II`C et lfIIOléI`8fIlI, CII SOHC qI1’l1 IIC I`€SPlI`€ QUE II'1€I1I`II`€ et I'I1&SS&CI`€, et CIOII f3lI`C UDB QCIIOII sainte CII liI18I'lI qI.II· conque n’admet pas ses dieux. Cela met un tel peuple dans un état naturel de guerre avec tous les autres, tres nuisible R S3 PI`OpI`C SOI'€Ié (I). Reste donc la religion de l’homme ou le christianisme, · (1) R. Nouvelle He'l0Is·e, partie V, lettre 5. — Je`ne cesserai iamais de le redire, c’est que ces persécuteurs-la ne sont point des croyants, ce sont des fourbes. R. Nouvelle Hélolse, partie VI, ‘lettre 8. — Je vois qu°il est impossible que Yintolérance m’endurcissc Fame. Comment chérir tcndrement les gens qu’on réprouve? Quelle charité peut-on conserver parmi les damnés? Les aimer ce serait_ hair Dieu qui les punit. Voulons-nous donc etre humains; iugeons les actions et non pas les hommes, n’empiétons point sur l°horribIe fonction des démons; n’ouvrons point si légérement l'enfer a nos freres. Eh! s`il était destiné pour ceux qui se trompent, quel mortel pourrait l’éviter? R. Emile, liv. IV. — Bayle a tres bien prouvé que le fanatisme est plus pernicieux que Pathéisme, et cela est incontestable; mais ce qu’il n’a eu garde de dire, et qui n’est pas moins vrai, c’est que le fanatisme, quoique sanguinaire et cruel, est pourtant une passion grande et forte, qui éleve le coeur de 1’homme, qui lui fait mépriser la mort, qui lui donne un ressort prodigieux, et qu’il ne faut que mieux diriger pour en tirer les plus sublimes vertus; au lieu que Pirréligion, et en général 1’esprit raisonneur et philo- sophique, attache a la vie, elfémine, avilit les Ames, concentre toutes les passions dans la bassesse de 1’intéret particulier, dans l’abiection du moi humain, et sape ainsi in petit bruit les vrais fondements de toute société; car ce que les intérets particuliers ont de commun est si peu de chose qu’il ne balancera jamais ce qu’ils ont d’opposé. Si l’athéisme ne fait pas verser le sang des hommes, c’est moins par amour pour la paix que par indifference pour le bien : comme que tout aille, peu importe au prétendu sage, pourvu qu’il reste en repos dans son cabinet. Ses principes ne font pas tuer les hommes, mais ils les empéchent • 15 ¤ n