Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/288

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LIVRE IV. — CI-IAP. VIII. 231 jets ne passe point, comme je l'ai dit, les bornes de l’utilité publique (a). Les sujets ne doivent donc compte au souve- rain de leurs opinions qu’autant que ces opinions impor- tent A la communauté(1). Or il importe bien A l’Etat que chaque citoyen ait une religion qui lui fasse aimer ses de- voirs; mais les dogmes de cette religion n’intéressent ni IIEIBI Ill SCS I`I1€IIlbI`€S q�’3l1I&I`lIZ (IUC CCS dogmes SC I`21PPOI`• tent A la morale et aux devoirs que celui qui la professe est tenu de remplir envers autrui. Chacun peut avoir, au sur- plus, telles opinions qu’il lui plait, sans qu’il appartienne au souverain d’en connaitre; car, comme il n’a point de compétence dans l’autre monde, quel que soit le sort des Sl.1i€IS d21I'1S la Vi€ R Véflil`, CC I'1’CSI PRS SOI1 3.H`3iI`€, POUTVU qu’ils soient bons citoyens dans celle—ci (2). Il y a donc une profession de foi purement civile dont (a} a Dans la république, dit le marquis d’A., chacun est parfaitement libre en ce qui ne nuit pas aux autres. » Voila la borne invariable ; on ne peut la poser plus exactement. Je n’ai pu me refuser au plaisir de citer quelquefois ce manuscrit, quoique non connu du public, pour rendre hon- neur A la mémoire d’un homme illustre et respectable, qui avait conservé iusque dans le ministere le coeur d’un vrai citoyen, et des vues droites et saines sur le gouvernement de son pays. (Note du Contrat social, édition de 1762.) - R. Lettre d Usteri, 15 juillet 1763. M. le marquis d’A. dont vous me demandez le nom est feu M. le marquis d’A1·genson qui avait été ministre des Affaires étrangéres et qui, quoique ministre, ne laissait pas d’étre hon- néte homme et bien intentionné. 1 (1) I-Ionnss, De Cive, chap. IV. — La foi est une partie de la doctrine . chrétienne qui ne peut pas étre comprise sous le nom de Icy. D’ail1eurs, les lois sont données pour régler les actions de notre volonté et ne tou- J chent point A nos opinions. Les matiéres de la foi et qui regardent la créance, ne sont pas de la juridiction de notre volonté et sont hors de notre A puissance. S1>1¤oz.1, Tractatus politicus, chap. 111.- Ad externos cultus quod attinet certum est illos ad veram dei cognitionem et amorem, qui ex ea necessario . sequitur, nihil prorsus iuvare nec nocere posse; atque adeo non tanti fa- ciendi sunt ut propter ipsos pax et tranquillitas publica perturbari mereatur. (2) R. Lettre a M. de Beaumont. — Je vois donc deux maniéres d’exa- miner et comparer les religions diverses : l’une selon le vrai et le faux qui s’y t1-ouvent, soit quant aux fairs naturels ou surnaturels sur lesquels elles sont établies, soit quant aux notions que la raison nous donne de l’Etre supreme et du culte qu’il veut de nous; l’autre selon leurs effets temporels et moraux sur Ia terre, selon le bien ou le mal qu’elles peuvent faire A la société et au genre humain. Il ne faut pas, pour empécher ce double exa-