Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/317

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256 _ DU CONTRAT SOCIAL. >< (a) Sitot que les besoins de l’homme passent ses facultés et que les objets de ses desseins s’étendent et se multiplient, il faut qu’il reste éternellement malheureux ou qu’il cherche a se donner un nouvel étre duquel il tire les ressources qu’il ne trouve plus en lui-mémezk. (b) [Sitot que les obstacles qui nuisent a notre conservation l’em- portent par leur résistance sur les forces que chaque individu peut employer a les vaincre, l’état primitif ne peut plus subsister, et le genre humain périrait si l’art ne venait au secours de la nature. Or comme l’homme ne peut pas engendrer de nouvelles forces, mais seulement unir et diriger celles qui existent, il n’a plus d’autre moyen pour se conserver que de former par agrégation une somme de forces qui puisse l’emporter sur la résistance, de les mettre en jeu par un seul mobile, de les faire agir conjointement et de les diriger sur un seul obiet. Tel est le probléme fondamental dont l’institution de l’liltat donne la solution. Si donc on rassemble ces conditions et qu’on écarte du pacte social ce qui n’est pas de son essence, on trouvera qu’il se réduit aux termes suivants : or Chacun de nous met en commun sa volonté, ses biens, sa force et (1) sa personne, sousla direction de;la volonté géné- rale, et nous recevons tous en corps chaque membre comme partie inaliénable du tout. » A l’instant, au lieu de la personne particuliere de chaque contrac- tant, cet acte d’association produit un corps moral et collectif com- posé d’autant de membres que l’assemblée a de voix, et auquel le moi commun donne l’unité formelle, la vie et la volonté. Cette personne publique qui se forme ainsi par l’union de toutes les autres prend en général le nom de corps politique, lequel est appelé par ses membres Eta: quand il est passif, Souverain quand il est actif, Puissance en le comparant a ses semblables. A l’égard des membres eux-mémes, ils prennent le nom de Peuple collectivement, et s’appellent en parti- culier Citoyens comme membres de la Cité ou participant a l’auto- rité souveraine et sujets, comme soumis aux lois de l’Etat. Mais ces termes, rarement employés dans toute leur précision, se prennent souvent 1’un pour l’autre, et il suffit de les savoir distinguer, quand le sens du discours le demande.] (c) [On voit par cette formule que l’acte de la confédération primitive renferme un engagement réciproque du public avec les particuliers et que chaque individu, contractant pour ainsi dire avec lui-méme, se trouve engagé sous un double rapport, savoir comme membre du souverain envers l_es particuliers et comme membre de l’Etat envers (1) Toute. (4) Les quatre Iignes plaeeee entre eroix ne sont mauifeeaemem que Pébauebe de l'idée développée dans le passage qui suit immédiatement. (b) Le morceau entre crochcts a passé dans le Contrat social, liv. I, chap. v1. (c) Le morccau entre crochete a passe dans le Contra! social, liv. I, chap. vn.