Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/325

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( 264 DU CONTRAT SOCIAL. devoirs du pere lui sont dictés par des sentiments naturels, et d’un ton qui lui permet- rarement de désobéir. Les chefs n’ont point de “ semblable regle, et ne sont réellement tenus envers le peuple qu’a ce qu’ils lui ont promis de faire, et dont il est en droit d’exiger l’exécution. Une autre difference plus importante encore, c’est que, les enfants n’ayant rien que ce qu’ils recoivent du pere, il est évident que tous E les droits de propriété lui appartiennent ou émanent de lui. C’est ( tout le contraire dans la grande famille, ou l’administration générale n’est établie que pour assurer la possession particuliere, qui lui est antérieure. Le principal objet des travaux de toute la maison est de conserver et d’accro'itre le patrimoine du pere, afin qu’il puisse un jour le partager entre ses enfants sans les appauvrir, au lieu que la richesse du prince (1), loin de rien ajouter au bien-etre des particu- liers, leur coute presque toujours la paix et l’ab0ndance. Enfin(2) la petite famille est destinée a s’éteindre et A se résoudre un jour en plusieurs autres familles semblables; mais, la grande étant faite pour durer toujours dans le meme état, il faut que la premiere s’aug— mente pour se multiplier; et non seulement il suffit que l’autre se conserve, on peut prouver meme (3) que toute augmentation lui est plus préjudiciable qu’utile. Par plusieurs raisons tirées de la nature de la chose, le pere doit commander dans la famille. Premierement, l’autorité ne doit pas étre égale entre le pere et la mere, mais il faut que le gouvernement soit un, et que dans les partages d’avis il y ait une voix prépondérante qui décide. 2°, Quelque légeres qu’on veuille supposer les incom- modités particulieres a la femme, comme elles sont toujours pour elle un intervalle d’inaction, c’est une raison suffisante pour l’exc1ure de cette primauté, car quand la balance est parfaitement égale, un rien (4) suffit pour la faire pencher. De plus, le mari doit avoir in- spection sur la conduite de sa femme, parce qu’il lui importe que les enfants qu’il est forcé de reconnaitre (5) n’appartiennent pas a d’autres qu’a lui. La femme, qui n’a rien de semblable a craindre, n’a pas le meme droit que (6) le mari. 3° Les enfants doivent obéir au pere, d’a- bord par nécessité, ensuite par reconnaissance; apres avoir regu de lui leurs besoins durant la moitié de leurvie, ils doivent consacrer l’autre in pourvoir aux siens. 4° A 1’égard des domestiques, ils (7) doivent aussi leurs services en échange de l’entretien qu’on (8) leur donne, (1) Le {isc n’est qu'un moyen souvent fort mal entendu,p0ur maintenir les particuliers dans la paix et dans Yabondance. (2) En un mot. (3) Mais on peut prouver aisément. (4) Une paille. (5) Et de nourrir. (6) Sur. (7) Lui. (8) Qu’il.