Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/354

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APPENDICE I. 287 pauvre et se suflit a lui·méme; celui qui sortant d’une révolution jouit d’une profonde paix; en un mot celui qui réunit la consistance d’un ancien peuple avec la docilité d’un peuple nouveau. Ce qui rend pénible l’ouvrage de la législation c’est moins ce qu’il faut éta· blir que ce qu’il faut détruire; et ce qui rend le succés si rare, c’est Pimpossibilité de trouver la simplicité de la nature jointe aux besoins de la société. Toutes ces conditions se trouvent difficilement rassem- blées, je l’avoue; aussi voit-on peu d’Etats bien constitués.] CHAPITRE IV ne: LA mvrune nas Lots 1-:1* nv vntuctva nt: LA Jusrnce ctvu.: (a) [Ce qui est bien et conforme a l’ordre est tel par la nature des choses et indépendamment de toute convention humaine. Toute justice vient de Dieu, lui seul en est la source; mais si nous savions la recevoir de si haut, nous n’aurions besoin ni de gouvernement ni de lois, Sans doute il est pour l’homme une justice universelle, émanée de la raison seule et fondée sur le simple droit de l‘humanité, mais cette justice,pour étre admise,doit étre récipro- que. A considérer humainement les choses, faute dc sanction natu- relle, les lois de la justice sont vaines entre les hommes, elles ne feraient donc que le profit du méchant et la charge du juste, quand celui-ci les observerait avec tous les hommes sans qu’aucun d’eux les observe avec lui. Il faut donc des conventions et des lois pour unir les droits aux devoirs et ramener la justice it son objet. Dans l’état de nature, ou tout est commun, je ne dois rien a ceux a qui je n’ai rien promis; je ne reconnais rien pour étre a autrui que ce qui m’est inutile. Mais il importe d’expliquer ici ce que j’entends par ce mot de loi, car tant qu’on se contentera d’attacher a ce mot des idées vagues et métaphysiques, on pourra savoir ce que c’est qu’une loi de la nature et l’on continuera d’ignorer ce que c’est qu’une loi dans Pliltat.] Nous avons dit que la loi est un acte public et solennel de la vo- lonté générale, et comme par le pacte fondamental chacun s’est sou- mis a cette volonté, c’est de ce pacte seul que toute loi tire sa force; mais tachons de donner une idée plus nette de ce mot,loi, pris dans le sens propre et resserré dont il est question dans cet écrit (b). La matiére et la forme des lois sont ce qui constitue leur nature; (a) Le morceau entre crochets a passe dans le Contra! social, liv. II, chap. vt. ll se trouve au verso du feuillet 63 du manuscrit. (b) Contra! social, liv. II, chap. vt. Les lois ne sont proprement que les conditions de Passociation civile. Le peuple soumis aux lois cn doit étre Pauteur. Il n‘appartient · qu`h ceux qui s‘associent de régler les conditions de la société, mais comment les régIeront·ils ?