Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/388

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APPENDICE II. 315 Quant a ce (1) droit des gens (2), il est certain que faute de sanc- tion ses lois ne sont que des chiméres plus faibles encore que la loi de nature. Celle-ci parle au moins au cceur des particuliers, au lieu que le droit des gens, n’ayant d’autre garant que l’utilité de celui qui s’y soumet. Ses décisions ne sont respectées qu’autant que 1’intérét les confirme dans la condition mixte ou nous nous trouvons, auquel des deux systémes que l’on donne la préférence. En faisant trop ou trop peu, nous n’avons rien fait et nous nous sommes mis dans le pire état ou nous puissions nous trouver. Voila, ce me semble, la véritable origine de ce qu’on appelle communément des calamités publiques. Mettons un moment ces idées en opposition avec l’horrible sys- téme de Hobbes et nous trouverons tous, au rebours de son absurde doctrine, que bien loin que 1’état de guerre soit naturel aux hommes, la guerre est née de la paix ou du moins des précautions que les h. ont prises pour s‘assurer une paix durable. Mais avant que d’entrer dans cette d_iscussion, t§chons... On peut demander encore si les rois qui, dans le fait, sont indé- pendants de (3) puissance humaine, pourraient établir entre eux'des guerres personnelles et particuliéres indépendantes de celles de l’Etat. (4) C’cst la certainement une question oiseuse, car ce n’est pas, comme on sait, la coutume des princes d’épargner (5) autrui pour s’exposer personnellement. De plus, cette question dépend d’une autre qu’il ne m’appartient pas de décider, savoir si le prince est soumis lui-méme aux lois de l’Etat ou non; car s’il y est soumis, sa personne (6) est liée et sa vie appartient a l’Etat comme celle du dcrnier citoyen; mais si le prince est (7) au-dessus des lois, il vit dans le pur état de nature et ne doit compte ni a ses sujets ni a personne d’aucune de ses actions. ot: L’liZ’l'AT socmt. _ Nous entrons maintenant dans un nouvel ordre de choses, nous allons voir les hommes unis par une concorde artificielle se rassem- bler pour s’entr’égorger et toutes les horreurs de la guerre naitre des soins qu’on avait pris pour la prévenir. Mais il importe, premiere- ment (8), de se former sur l’essence du corps politique des notions gardent entre elles Yindépendance de Ia nature, ne restent pas exposes aux maux des deux états sans en avoir les avantages et s‘il ne vaudrait pas mieux qu`il n‘y ent point de société civile au monde que d'y en avoir plusieurs. (1) Beau nom. (2) Dont on fait tant de bruir. (3) Toute. (4) Cette question. · (5) Les autres. (6) Et sa vie. (7) Exempt des lois, de Pobservation. (8) Avant d’entrer en matiére, il est bon.