Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/474

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4 APPENDICE VII. 401 ) naturelles par le contrat social, qu’il n’est permis d’enfreindre les lois ' positives par les contrats des particuliers; et ce n’est que par ces lois 1 mémes qu’existe la liberté qui donne force a l’engagement. .l’ai, pour résultat de cet examen, que l’établissement du contrat s0cial(t)est un pacte (2) [d’une espéce particuliére], par lequcl cha- cun s’engage envers tous; d’ou s’ensuit (3) l’engagement réciproque de tous envers chacun, qui est l’objet immédiat de l’union. J e dis que cet engagement (4) est d’une espéce particuliere, en ce qu’étant absolu, sans condition, sans réserve, il ne peut toutefois étre injuste ni susceptible d’abus, puisqu’il n’est pas possible que le corps se veuille nuire a lui-méme (5), tant que le tout ne veut que pour tous. · [Il est encore d’une espece particuliére, en ce qu’il lie les contrac- tans sans les assujettir A personne, et qu’en leur donnant leur seule volonté pour régle, il les laisse aussi libres qu’auparavant.] La volonté de tous est donc l’ordre, la régle supréme; et cette régle [générale et] persomiifiée est ce que j’appelle le souverain. Il suit de la que la souverainetéestindivisible, inaliénable, et qu’elle réside essentiellement dans tous les membres du corps. Mais comment agit cet étre abstrait et collectif? I1 agit par des lois, et il ne saurait agir autrement. Et qu’est-ce qu’une loi? C’est une déclaration publique et solen- nelle de la volonté générale sur un objet d’intérét commun. Je dis sur un objet d’intérét commun, parce que la loi perdrait sa force et cesserait d’étre légitime si l’objet n’en importait (6) a tous. La loi ne peut (7) par sa nature avoir un objet particulier] et indi- viduel; mais l’application de la loi tombe sur des objets particuliers et individuels. Le pouvoir législatif, qui est le souverain, a donc besoin d’un autre pouvoir qui exécute, [c’est-A-dire qui réduise la loi en actes par- ticuliers.] Ce second pouvoir doit étre établi de maniére qu’ilexécute [toujours] la loi, et qu’il n’exécute jamais que la loi. Ici vient l’insti- tution du gouvernement. Qu’est·ce que le gouvernement? C’est un corps intermédiaire éta- bli entre les sujets et le souverain pour leur mutuelle correspon- dance, chargé de l’exécution des lois et du maintien de la liberté tant civile que politique. [Le gouvernement, comme partie intégrante du corps politique, (t) Corps politique. (2) Une convcntton, un contra:. (3) Et de ld résulte nécessairement. (4) Engagement par lequel ckacun devient membre d’un corps duquel depend son action, sa vie, son existence civile, etc. (5) l.’uu de ses membres. (6) Egalement. (7) Done. 26