Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/475

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4oz DU CONTRAT SOCIAL. • participe A la volonté générale qui le constitue; comme corps lui- méme, il a sa volonté propre. Ces deux volontés quelquefois s’accor- dent, et quelquetois se combattent. C’est de l’efl`et combiné de ce con- cours et de ce conflit que résulte le jeu de toute la machine.] Le principe qui constitue les diverses formes du gouvernement consiste dans le nombre des membres qui le composent. Plus ce nombre est petit, plus le gouvernement a de force; plus le nombre est grand, plus le gouvernement est faible; et comme la souveraineté tend toujours au reléchement, le gouvernement tend toujours A se renforcer. [Ainsi] le corps exécutif doit l’emporter A la longue sur le corps législatit`; et quand la loi est enfin soumise aux hommes, il ne reste que des esclaves et des maitres; l’Etat est détruit. Avant cette destruction, le gouvernement doit, par son progres naturel, changer de forme et passer [par degrés] du grand nombre au moindre(1). Les diverses formes dont le gouvernement est susceptible se rédui- sent A trois principales. Apres les avoir comparées par leurs avan- tages et leurs inconvénients, je donne la préférence A celle qui est intermédiaire entre les deux extremes, et qui porte le nom d’aristo- cratie. On doit se souvenir ici que la constitution de l’Etat et celle du gouvernement sont deux choses tres distinctes, et que je ne les ai pas co nfondues. Le meilleur des gouvernements est l’aristocratique; la pire des souverainetés est 1’aristocratique. Ces discussions en amenent d’autres sur la maniere dont le gou- vernement dégénere et sur les moyens de retarder la destruction du corps politique (2). Eniin, dans le dernier livre, j’examine, par voie de comparaison avec le meilleur gouvernement qui ait existé, savoir celui de Rome, la police la plus favorable A la bonne constitution de l’Etat; puis je termine ce livre et tout l’ouvrage par des recherches sur la maniere dont la religion peut et doit entrer comme partie constitutive dans la composition du corps politique. Que pensiez·vous, monsieur, en lisant cette analyse courte et iidele de mon livre? Je le devine. Vous disiez en vous-meme : A VoilA l’histoire du gouvernement de Geneve. » C’est ce qu’ont dit A la lec- ture du meme ouvrage tous ceux qui connaissent votre constitution. Et en effet, ce contrat primitif, cette essence de la souveraineté, cet empire des lois, cette institution du gouvernement, cette maniere de le resserrer A divers degrés pour compenser l’autorité par la force, A cette tendance A l’usurpation, ces assemblées périodiques, cette (1) Petit. (1) lci se trouve écrit avec la mention : ailleurs, le passage suivaut : Entre ces moyens je compte pour un des meilleur: les assemblies géuérales et périodiqxes · dans lesquelles le gouvernement doit étre recti/ié ou ratyié par la loi, a_/in de se ` maintenir ou de se rétablir dans l'ordre qui lui convient. Un gouvernement peut étre bon sans ces assemblées, mais sans elles il lui est dif/icile de se maintenir tel. i k I