Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/83

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le droit d’esclavage, et le droit d’esclavage sur le droit de vie et de mort, n’est-il pas clair qu’on tombe dans le cercle vicieux?

En supposant méme ce terrible droit de tout tuer, je dis qllillll esclave fait 3. la gl1€I`1`€, Oil UH P€�pl€ COI`lqL1iS, 11,8SlZ {CDU $. I`l€Il dll IOUI €l`lV€I`S SOI} II’l3lIl`€, Cllliil Obélf éllltafll qu’il y est forcé (1). En prenant un équivalent 21 sa vie, le vainqueur ne lui en a point fait grace : au lieu de le tuer sans fruit, il l’a tué utilement. Loin donc qu’ilait acquis sur lui nulle autorité jointe 21 la force, l’état de guerre subsiste entre eux comme auparavant, lC�I` I`€l&IlOI’l IIIEITIC CH est l’effet ; et l’usage du droit de la guerre ne suppose aucun traité de paix (2). Ils ont fait une convention,soit; mais cette convention, loin de détruire l’état de guerre, en suppose la continuité (3).

Ainsi, de quelque sens qu’on envisage les choses, le droit d’esclavage est nul, non seulement parce qu’il est illegi- (1) Amsrorn, Politique, liv. I, chap. rr. — Il y a`quelques gens qui frappés de ce qu’ils croient un droit, et une loi a touiours quelque apparence de droit, avancent que Pcsclavage est juste quand il résulte du fait de la guerre. Mais c’est se contredire, car le principe de la guerre elle—méme peut étre injuste, et l`on n‘appellera iamais esclave celui qui ne méritera pas de l’étrc.

Il faut de toute nécessité eonvenir que certaines personnes semient par- tout esclnves et que d’autres ne sauraient l’étre nulle part.

Le pouvoir du maitre et eelui du magistrat sont bien distincts... l’un concerne les hommes libres, l’autre des esclaves par nature.

(2) Gnorrus, Du Droit de la Guerre et de la Paix, liv. II, chap. xxu. — Un autre suiet injuste de guerre, c’est le désir de recouvrer sa liberté, qu’il s’agisse de celle des particuliers ou de celle d’un Etat, comme si c’était un droit que chacun a naturellement et pour toujours. (.r quand on dit que les hommes et les peuples sont naturellement libres, cela doit s’entendre d’un droit naturel qui précéde tout acte humain, et d’une exemption d’esclavage, mais non pas d’une incompatibilité absolue avec l'esclavage; c’est- a-dire que personne n’est naturellement esclave, mais que personne n’a le droit de ne le devenir iamais; en ce dernier sens, personne n’est libre. On peut rapporter ici ce mot des anciens auteurs, que personne n’est naturellement ni libre ni esclave, mais que la fortune impose ensuite a chacun l’un ou l’autre de ces noms. (Séneque, Controvcrses.) ·

(3) Locxz, Gouvemcment civil, chap. tn, de l’Escr.AvAcr:. — L‘esclavage n’est rien autre chose que l’état de guerre continué entre un légitime conquérant et un prisonnier.