Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/91

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32 DU CONTRAT SOCIAL. qui se forme ainsi par l’union de toutes les autres, prenait autrefois le nom de cité (a), et prend maintenant celui de républigue ou de corps politique, lequel est appelé par ses membres Etat quand il est passif, souverain quand il est actif, puisscmce en le comparant a ses semblables. A l’égard des associés, ils prennent collectivement le nom de peuple, et S’&pp€ll€I1t €I1 p&t‘tlCull€1‘ citojens, COIIIIIIC p&I`tlClp&1‘1S é l’autorité SOLlV€l'all‘1€, Ct sujets, COmm€ soumis aux lOlS d6 l’Etat (1). Mais ces termes se confondent souvent et se pren- tion. - it La loi est sacrée et inviolable. » — Pour entendre parfaitement la nature de la loi, il faut remarquer que tous ceux qui en ont bien parlé l’ont regardée dans son origine comme un pacte et un traité solennel par lequel les hommes conviennent ensemble, pour l’autorité des princes, de ce qui est nécessaire pour former leur société. On ne veut pas dire par la que l’autorité des lois dépende du consente- ment et acquiescement des peuples, mais seulement que le prince qui, d’ail- leurs, par son caractere, n’a d’autre intéret que celui du public, est assisté des plus sages tetes de la nation et appuyé sur l’expérience des siecles passés, (a) Le vrai sens de ce mot s’est presque entierement effacé chez les modernes: la plupart prennent une ville pour une cité, et un bourgeois pour un citoyen. lls ne savent pas que les maisons font la ville, mais que les citoycns font la cité. Cette meme erreur couta cher autrefois aux Car- thaginois. Je n’ai pas lu que le titre de cives ait iamais été donné aux suiets d’aucun prince, pas méme anciennement aux Macédoniens, ni, de nos jours, aux Anglais, quoique plus pres de la liberté que tous les autres. Les seuls Francais prennent tous familierement ce nom de citoyens, parce qu’ils n‘en ont aucune véritable idée, comme on peut le voir dans leurs dictionnaires; sans quoi ils tomberaient, en l’usurpant, dans le crime de lése-majesté : · ce nom, chez eux, exprime une vertu, et non pas un droit. Quand Bodin a voulu parler de nos citoyens et bourgeois, il a fait une lourde bévue, en prenant les uns pour les autres. M. d’Alembert ne s‘y est pas trompé, et a bien distingué, dans son article Genéve, les quatre ordres d’hommes (meme cinq, en y comptant les simples étrangers) qui sont dans notre ville, et dont deux seulement composent la république. Nul autre auteur francais, que je sache, n’a compris le vrai sens du mot citoyen. (Note du Contrat social, édition de I762.) (1) Smnosa, T ractatus politicus, chap. m. — Imperii cuiuscumque status dicitur civilis; imperii autem integrum corpus civitas appellatur, et com- munia imperii negotia qua: ab eius qui imperium tenet, directione pen- dent, respublica. Deinde homines quatenus ex jure civili omnibus civitatis commodis gaudent, cives appellamus et subditos quatenus civitatis insti- tutis seu legibus parere tenentur. Locus, Gouvernement civil, chap. xx. Dss mvmzsxs rotunts mas socxé- rés. — Par une communauté ou un Etat, il ne faut donc point entendre ni une démocratie ni aucune autre forme précise de gouvernement, mais 5.-