Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE I. - CHAP. IX. 4t de la liberte civile, qui est limitée par la volonté gene- rale (1); et la possession, qui n’est que l’efl`et de la force ou le droit du premier occupant, de la propriété, qui ne peut étre fondée que sur un titre positif. On pourrait, sur ce qui precede, ajouter A l’acquis de l’etat civil la liberte morale, qui seule rend l’homme vrai- ment maitre de lui; car l’impulsion du seul appetit est esclavage, et l’obeissance A la loi qu’on s’est prescrite est 1iberté(2). Mais je n’en ai dejA que trop dit sur cet article, et le sens philosophique du mot liberté n’est pas ici de mon sujet (3). · CH APITRE IX DU DOMAINE REEL Chaque membre de la communauté se donne A elle au moment qu’elle se forme tel qu’il se trouve actuellement, vent ce qui deplalt A d'autres, et cela ne s’appelle pas un Etat libre. La li- berté consiste moins A faire sa volonté qu’A n`etre pas soumis A celle d’au- trui; elle consiste encore A ne pas soumettre la volonté d’autrui A la notre. Quieonque est maitre ne peut etre libre; et régner, e’est obéir. (1) l·loaaa:s,De Cive,chap.x 1.—ll faut donc savoir que ces termes de bien et de mal sont des noms imposes aux choses afin de témoigner le désir ou l’aversion de ceux qui leur donnent ce titre, car les appétits des hommes sont tres divers... Les hommes, done, demeurent en l’etat de guerre, tandis qu’ils mesurent diversement le bien et le mal suivant la diversité des ap- petits qui dominent en eux... (2) R. 8• Lettre de la Montague. — Il y a peu d’hommes d’unc<1:ur assez ` sain pour savoir aimer la liberté. Tous veulent commander; ace prix, nul ne craint d’obéir. Un petit parvenu se donne cent rnaitres pour acquérir dix valets. ll n’ya qu’A voir la fierté des nobles dans les monarchies; avec quelle emphase ils prononcent ces rnots de service et de servir; combien ils s’esti· ment grands et respectables quand ils peuvent avoir l’honneur de dire : le roi mon maitre; combien ils méprisent des républicains qui ne sont que libres, et qui certainement sont plus nobles qu’eux. Locus, Gouvernement civil, chap. tu. — La liberté, dans la société civile, consiste A n’étre soumis A aucun pouvoir legislatif qu’A celui qui a été établi parlle consentcment de la communauté. (3) R. Emile, liv. II. — L’homme vraiment libre ne veut que ce qu’il peut et fait ce qu’il lui plait. VoilA ma maxime fondamentale.