Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/99

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42 DU CONTRAT SOCIAL. lui et toutes ses forces, dont les biens qu’il possede font p3I`lZI€. Ce I'l,CSI§ PHS ql.1€, PRI CCI acte, la possession change de nature en changeant de mains, et devienne propriété dans celles du souverain (1); mais comme les forces de la cité sont incomparablement plus grandes que celles d’un particulier(2), la possession publique est aussi, dans le fait, plus forte et plus irrévocable sans étre plus légitime, au moins pour les étrangers. Car l’Etat, it l’égard de ses mem- . bres est maitre de tous leurs biens ar le contrat social s P s qui, dans l’Etat, sert de base a tous les droits; mais il ne l’est, 5. l’égard des autres puissances, que par le droit de premier occupant qu’il tient des particuliers. Le droit de remier occu ant uoi ue lus réel ue P 7 q q P celui du plus fort, ne devient un vra1dro1t qu’apres l’éta- blissement de celui de propriété. Tout homme a naturelle- ment droit a tout ce qui lui est nécessaire (3); mais l’acte positif qui le rend propriétaire de quelque bien l`exclut de tout le reste. Sa patt étant faite, il doit s’y borner, et n’a (x) A¤ts·ro·rt·:, Politiquc, liv. IV, chap. vu. — La cité a besoin assure- ment de la propriété; mais la propriété n’est pas le moins du monde partie essentielle de la cité, bien que la propriété renferme comme éléments des étres vivants. La cité n’est qu’une association d’étres égaux recherchant en commun une existence heureuse et facile. (2) Bossusr, Politique tirée de l’Ecritm·e sainte, liv. I, art. 5. I*¤ Pro- position. — Ainsi un particulier est en repos contre l’oppression et la violence parce qu’il a, en la personne du prince, un défenseur invincible et plus fort sans comparaison que tous ceux du peuple qui entreprendraient de l’opprimer. (3) Bossusr, Panégyrique de saint Francois d’Assise. — Je dis done, 6 riches du siécle, que vous avez tort de traiter les pauvres avec un mépris si iniurieux. Atin que vous le sachiez, si nous voulions monter a l’origine des choses, nous trouverions peut-étre qu’ils n’auraient pas moins de droit que vous aux biens que vous possédez. La nature, ou plutét, pour parler plus directemeut, Dieu, le pére commun des hommes, a donné des le commencement un droit égal A tous ses enfants sur toutes les choses dont ils ont besoin pour la conservation de leur vie. Aucun de nous ne peut se vanter d'étre plus avantagé que les autres par la nature, mais, l’insatiab|e désir d’amasser n’a pas permis que cette belle fraternité put durer long- temps dans le monde. Il a fallu venir au partagc et it Ia propriété qui a produit toutes les querelles et tous les procés; de la est né ce mot de mien et de tien, cette parole si froide, dit l’admirable saint Jean Chrysostome;