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La Monongahéla

éprouva une commotion trop violente pour n’être pas ébranlé dans son équilibre et conserver le sang-froid nécessaire pour se rendre compte des conséquences où l’entraînerait un pareil amour. Mais quand il vit ensuite les assiduités de Don Gusman et la grande faveur avec laquelle elles étaient approuvées par le commandant, il eût un réveil de raison, et s’il eût pu quitter ce séjour dangereux pour son repos, il serait certainement parti.

Malheureusement le devoir le clouait auprès de cette sirène. En effet, dès le lendemain de son arrivée au fort Presidio del Norte, il avait eu une longue conférence avec Don Pedro au sujet de sa mission. Celui-ci, tout en accueillant favorablement pour sa part l’idée de nouer des relations commerciales entre les deux colonies, n’avait aucun titre pour négocier avec l’ambassadeur de M. de Bienville. Il ne pouvait donc que le renvoyer à son chef le plus immédiat, qui était le gouverneur de Caouil, en lui fournissant une escorte.

Le départ cependant ne pouvant s’effectuer au gré de St-Denis, force lui fut donc d’attendre le bon plaisir de Don Pedro.

Le jeune homme voyait Deña Maria tous les jours, et plus il étudiait de près cette belle physionomie, plus il y découvrait comme à profusion des détails, des traits, des accents qui le ravissaient.

S’abandonnant alors tout entier au charme de