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La Monongahéla

le vaisseau. C’est pas plus malin que ça. Qu’en dites-vous ? mes enfants.

— C’est tout juste ça, maître Bertrand ; nous sommes prêts.

— Pour lors, embarque ! embarque ! matelots ! En avant la danse ! Bitte et bosse en grand !

La tentative d’un pareil coup d’audace surmonte aujourd’hui l’imagination. On ne se fait pas à l’idée que vingt-cinq hommes, montés dans deux mauvaises chaloupes, n’ayant pour armes que leurs fusils et leur hache d’abordage, aient la pensée de s’attaquer à un navire de guerre de trente canons et de cent trente hommes d’équipage, et cela en plein jour, à la clarté d’un beau soleil de mai.

Mais un combat dans de telles proportions semblait naturel à ces hommes sans peur, d’une bravoure poussée jusqu’à la témérité, accoutumés à se battre contre un ennemi toujours supérieur en nombre et toujours mieux armé.

Nous comprenons que le lecteur serait justifiable de taxer d’invraisemblance les faits que nous allons raconter, si nous n’avions pas à présenter les preuves les plus authentiques de l’histoire.[1]

Cet homérique exploit n’est pas le seul, du reste que nous trouvions dans nos annales ; nous rappellerons pour mémoire un vaisseau anglais enlevé dans

  1. Voir Ferland. — Cours d’Histoire du Canada, 2e  vol, p. 376.