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La Monongahéla

coup de hache la tête d’un matelot et la lutte s’engagea corps à corps. Le bruit attira bientôt les officiers à leur poste et une partie de l’équipage ; mais Pompon-Filasse aidé d’un autre matelot et de Bertrand ayant réussi à fermer les écoutilles, ceux qui restaient dans l’entrepont ne pouvaient prendre part au combat.

Ce fut vraiment une lutte digne d’un chant d’Homère, un combat de Titans entre une poignée de braves et un ennemi, quoique affaibli, encore triple en nombre. Les gueules des mousquets crachaient la mort, et le commandant du vaisseau, un des premiers, tombait frappé en pleine poitrine ; les haches d’abordage crevaient les poitrines, fendaient les crânes, abattaient les membres.

Bientôt le sang ruissèle sur le pont, les pieds glissent dans les flaques rouges. Chaque blessure est mortelle. Le pont s’accumule de blessés trop faibles pour se relever, de mourants que les combattants foulent sans pitié.

Mais si les marins français font de larges trouées dans les rangs de leurs adversaires, la mort n’est pas moins terrible parmi eux, plus terrible même en raison de leur petit nombre. Ces braves vont sans doute périr jusqu’au dernier et le combat finir faute de combattants, quand survient un secours inattendu qui va changer la face de la lutte.

Comme une avalanche qui descend de la mon-