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La Monongahéla

de la plus coupable négligence. Or, Don Pedro n’ignorait pas ce rapport au vice-roi et l’on comprendra maintenant qu’il ne fut pas sans inquiétude. Car si la révolte n’était pas réprimée, il y allait de la perte de son commandement, c’est-à-dire la misère en perspective pour lui et sa fille, sa fille qu’il adorait.

Daniel connaissait bien ces tribus qu’il avait eu l’occasion de visiter plus d’une fois pendant son séjour à Presidio del Norte. La pénible existence de ces hommes qu’il avait trouvé misérables, mais bons, soumis et résignés à leur malheureux sort, avait toujours excité sa sincère commisération. Il eût même, dans plusieurs circonstances, grâce à un certain prestige qu’il avait auprès du commandant, le bonheur de pouvoir obtenir quelques soulagements à leur position. Ces enfants de la plaine lui en avaient conservé au fond de leur cœur une sincère reconnaissance et un profond attachement.

Mais après son départ, les mauvais traitements avaient repris une recrudescence telle, qu’une catastrophe était imminente et inévitable.

Don Pedro de Vilescas, sans être complice de ces exactions, était cependant coupable de laisser faire et tombait victime de sa trop grande confiance dans la justice et l’habileté de son fétiche, Don Gusman de Santocha.

Comme nous venons de le dire, le gouverneur de Caouil, tout en faisant ses propres remontrances au