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La Monongahéla

— Comment ! toi qui n’es pourtant pas un mauvais garnement, ne regrettes-tu pas ces vilaines choses qui offensent le bon Dieu et qui font mourir de peine ta vieille mère ?

— Mon aumônier, si je les regrette ! Que je voudrais que vous me mettriez en machemoure pour me punir comme je le mérite.

— Tu n’y retourneras plus ?

— Non, mon aumônier.

— Sur ton honneur ?

— Foi de matelot ! mon aumônier.

— Bon : tu m’as confessé tes péchés, tu les regrettes et tu m’as promis sur ton honneur de ne plus les commettre ! à genoux, matelot, je vais te donner l’absolution !

— Arrêtez ! arrêtez ! mon aumônier ! que je lui crie. Puisque vous voulez me donner l’absolution, donnez-la moi aussi pour ça, puis pour ça, et je lui en file une amarre de trois ou quatre gros que le bon père en fit la grimace ! !

« Et dans la nuit, mes vieux caïmans, ajouta le vieux maître en redressant sa taille, quand vingt chaloupes chargées de soldats vinrent nous attaquer, je combattis comme un lion, car je ne craignais plus ni Dieu, ni diable ! ! Avis à toi, Pompon-Filasse, mon garçon, quand tu sentiras ton courage aller à la dérive.

— Et les Anglais furent-ils repoussés ? fit le jeune matelot.