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XVI

L’INSULTE


— Monsieur, dit-elle en se tournant vers Bigot, j’ai entendu l’odieux marché que vous venez d’imposer à mon père. Je n’ai pas bien compris tous les détails de cette machination digne de vous. Tout ce que j’ai besoin de savoir, c’est que l’honneur de notre nom est en jeu.

Je connais mon devoir, monsieur, et je suis prête à devenir votre femme. Mais je tiens à vous dire, avant de vous suivre au pied des autels, que ce n’est plus seulement de l’antipathie que je ressens pour vous, c’est plus que cela, c’est de la haine !…

Et maintenant, monsieur, que vous n’avez plus rien à faire ici, daignez me délivrer de votre présence et me laisser seule avec mon père.

— Je me retire, mademoiselle, dit Bigot tremblant de rage contenue, navré de se voir ainsi méconnu. L’avenir vous prouvera que vous me jugez mal et que je saurai vous rendre heureuse…

— Assez, monsieur ! fit Claire avec un geste significatif.

Bigot salua et sortit.