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— Renoncer à cette union, ce qui serait généreux de votre part. Alors, monsieur, si vous n’aviez pas mon amour, je vous assure que vous emporteriez du moins ma profonde reconnaissance et mon estime entière.

— Renoncer à cette union, c’est impossible.

— Pourquoi ?

— Parce que je vous aime et que…comme j’ai eu l’honneur de vous le dire dans une autre circonstance, vous le répéter tantôt, j’ai l’espoir que vous m’aimerez un jour.

Claire l’écrasa d’un regard dédaigneux.

— Oh ! je ne parle pas par fatuité, continua Bigot sans se laisser déconcerter par ce regard. Je vous entourerai de tant de bonheur que j’espère, sinon votre amour, du moins une tendre affection.

— Monsieur, reprit la jeune fille, il y a quelques mois, je ne vous aurais pas parlé ainsi ; mais depuis que je vous ai entendu menacer mon père d’une dénonciation, j’ai absolument changé de manière de voir à votre égard. Vous voulez m’épousez ? Je ne sais si le ciel me réserve cette suprême douleur. Mais si je vous épouse, monsieur, ne l’oubliez pas, ce ne sera que par contrainte, forcée par mon amour pour mon père et que je ne vous aime pas.

— Mais pourquoi ne pas m’aimer ?