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sentant la folie la gagner dans cette tombe où elle était ensevelie toute vivante, elle se tordait les mains de désespoir et s’écriait :

— Mon Dieu ! mon Dieu ! vais-je donc mourir ?

Un soir — elle calculait que ce devait être la nuit, car il était toujours nuit pour elle dans ce sépulcre — il lui sembla, quand elle fut couchée, que quelque chose grattait une porte ou un mur au pied de son lit.

Était-ce un rat perçant le plancher ? Était-ce. un compagnon de captivité qui cherchait sa liberté ? Était-ce un libérateur ?

Claire se posa successivement ces trois questions et eut de violents battements de cœur.

Au bout de quelques minutes, le bruit cessa.

Alors Claire sentit s’évanouir l’espoir qu’elle avait eu un moment.

Souvent M. de Godefroy avait raconté à sa fille, quand elle était enfant, de surprenantes évasions accomplies par des prisonniers.

Quand elle avait entendu ce bruit qu’elle n’avait pu définir, Claire s’était dit :

— Peut-être Louis a-t-il appris où j’ai été conduite ? Peut-être vient-il me délivrer !

Mais : lorsque le bruit eût cessé, la jeune fille retomba dans son morne désespoir.