Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 206 —

S’il vous plaît de me faire conduire à l’endroit où j’ai quitté mon guide, fit l’officier anglais, car il se fait tard et j’ai une longue course en perspective.

— Sans indiscrétion, demanda Bigot, puis-je savoir comment vous avez pu éviter les retranchements français ?

— Rien de plus facile. Une de nos chaloupes m’a débarqué à l’Ange-Gardien avec quelques soldats. Nous avons à bord prisonniers plusieurs paysans. J’ai pris l’un d’eux — espèce de coureur des bois — pour me servir de guide, avec la promesse d’une forte récompense s’il me conduisait à bon port, ou dix pouces de fer dans la gorge, s’il me trahissait.

— Moyen énergique, mais qui réussit toujours auprès des gens, dit Bigot en souriant.

— Nous avons traversé la rivière à deux ou trois milles de la chute, reprit l’officier, et nous sommes venus jusqu’ici par les montagnes. Mon guide, sous la surveillance d’un soldat, m’attend à l’entrée de l’avenue.

Et maintenant, bonsoir, messieurs.

— Bonsoir et bon voyage, dirent d’une même voix les trois traîtres en se levant.

Bigot reconduisit l’officier jusqu’à la porte, lui donna Pierre Maillard pour le guider jus-