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Les Exploits d’Iberville

— C’est absolument mon avis, répliqua une troisième en éclatant de rire.

— Le maraud n’a rien qui me séduise…

— Quelle tournure de vilain !…

— C’est bon pour garder les vaches !…

— Son visage est commun.

— Ses yeux sont rouges.

— Peut-être sont-ils rouges parce qu’il a pleuré ?

— L’hypocrite…

« Les voix s’éloignèrent et je n’entendis pas la fin de la phrase.

« Vous l’avouerai-je ? mon accablement était tel, que ces paroles ne laissèrent aucune trace dans mon esprit, si même elles y entrèrent alors, et ce n’est que plus tard que je me les rappelai.

« Il est en Bretagne un vieil usage qui consiste à convier le soir d’un enterrement dans un grand repas tous les parents et les amis de la famille. Cela s’appelle « Le repas des funérailles. »

« Pour se conformer à cette antique coutume, une immense table avait été dressée dans la grande salle du château. Au moment où j’y pris place, au haut bout, comme m’y obligeait, suivant ma conviction, mon devoir de chef du logis, l’intendant remit à un personnage à la figure de fouine qui m’était inconnu une large enveloppe ouverte. Cet homme, placé à l’autre extrémité de la table, était flanqué de deux