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Les Exploits d’Iberville

chissage de ses manchettes, il sortit assez piteusement.

Deux semaines après, les amis d’Urbain commençaient à remarquer un changement notable dans ses habitudes. Il ne fréquentait plus le cabaret, ne jouait plus, rentrait chez lui avant minuit, et, chose inouïe parmi eux, se rendait régulièrement à l’église tous les matins.

Tout cela était l’ouvrage de la pensionnaire de la mère Sauvageau qui n’était autre qu’Yvonne Kernouët venant de terminer ses études aux Ursulines de Québec. Son père était alors en course dans les pays de l’ouest pour y faire la traite des pelleteries. Avant son départ, il avait été entendu avec la mère Sauvageau — une payse — qu’elle prendrait la jeune fille sous ses soins à sa sortie du couvent jusqu’à son retour, le père Kernouët ne voulant confier à personne la tâche de ramener Yvonne à la ferme de Lachine.

Ajoutons que la mère Sauvageau n’était pas la première venue pour Kernouët, attendu que les deux familles venaient du même village en Bretagne et étaient, passées au Canada sur le même vaisseau.

Un grand changement s’était opéré dans la conduite d’Urbain, changement dû à l’influence d’Yvonne, disions-nous tout à l’heure. Elle avait consenti à recevoir quelquefois le jeune homme, et le charme et l’innocence s’étaient trouvés plus habiles que les remontrances de la morale et les séductions