Page:Rousseau - Les exploits d'Iberville, 1888.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
Les Exploits d’Iberville

être envahi par les Iroquois, M. de Denonville en parla aux jésuites qui l’assurèrent que celui qui avait apporté cette nouvelle n’était pas digne de foi.

D’ailleurs, accoutumés à ces invasions incessantes de tribus sauvages, les colons s’étaient familiarisés avec les dangers que présentait le voisinage de ces barbares, et ils vivaient presque dans l’oubli de la mort qui pouvait fondre sur eux à l’instant où ils y penseraient le moins.

Ici nous laisserons parler l’historien afin que l’on ne nous taxe pas d’exagération dans les tableaux que nous tracerons dans le cours de ce récit :

« On était rendu aux premiers jours d’août, 1689. Rien n’annonçait aucun événement extraordinaire lorsque tout à coup quatorze cents Iroquois traversent le lac St. Louis dans la nuit du 5, durant une tempête de grêle et de pluie qui les favorise, et débarquent en silence sur la partie supérieure de l’Île de Montréal. Avant le jour, ils se sont placés par pelotons à toutes les maisons sur une espace de plusieurs lieues. Les habitants sont plongés dans le sommeil. Les Iroquois n’attendent plus que le signal : il est donné. Alors s’élève dans les airs un effrayable cri de mort ; les portes sont rompues et le massacre commence partout en même temps. Les sauvages égorgent d’abord les hommes ; ils mettent le feu aux maisons qui résistent, et lorsque la flamme en fait sortir les habitants, ils épuisent sur eux tout ce que la férocité et la fureur peuvent inventer. Ils ouvrent le sein des femmes et