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Les Exploits d’Iberville

coin du cimetière. L’on fit savoir en même temps au vicomte que l’on recommencerait autant de fois qu’il ferait réintégrer le corps de son cousin auprès du dernier des Duperret-Janson.

Tous ces événements successifs ne manquèrent pas de faire une vive impression sur l’esprit du vicomte. Il devint encore plus sombre et plus taciturne, ne se montrant nulle part ailleurs que dans ses bois, les jours de chasse, bientôt même on ne l’y vit plus, et voici pourquoi.

Depuis quelques semaines, il ressentait dans toute sa personne un malaise étrange, comme une espèce de lourdeur qui lui faisait un manteau de plomb. Puis ce fut ensuite des démangeaisons qui lui causèrent les plus cruelles insomnies. Enfin apparurent sur ses jambes, ses bras et sa figure, des pustules qui s’agrandirent petit à petit et ne formèrent bientôt qu’une seule plaie.

Les hommes de l’art y perdaient leur latin.

Alors sous le poids de la souffrance, le vicomte de la Bouteillerie, qui n’avait jamais été qu’un être inutile à la société, nuisible, souvent même dangereux, le vicomte de la Bouteillerie, le spoliateur d’Urbain, rentra en lui-même et se repentit.

Cela ne vint pas tout d’un coup, il est vrai, mais il commença d’abord à penser à ses jeunes années, aux leçons d’une mère chrétienne qui lui avait appris à combattre, à aimer et à servir son Dieu ; puis