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Les Exploits d’Iberville

Tout à coup l’œil du vieillard s’attendrit, une larme perla à sa paupière et il murmura entre deux hoquets :

— Mon enfant !… pardonnez-moi !…

Urbain s’agenouilla près du malade et des sanglots plein la voix, répondit :

— Oh ! comme mon père bien-aimé vous a pardonné !… je vous pardonne ! Mourez en paix !…

Maître Raguteau releva le jeune homme et voulut l’emmener afin de ne pas prolonger ces émotions qui pouvaient être fatales au vicomte ; mais celui-ci fit signe à Urbain qu’il avait à lui parler.

— Mon enfant ! dit-il, merci d’être venu m’apporter la paix à mon dernier moment. J’ai appris que vous étiez toujours digne, plus digne même, des hautes faveurs que vous ménageait votre protecteur bien-aimé… Réparation est faite à la volonté de celui qui n’est plus. Seulement, une dernière faveur pour un vieillard qui va mourir : attendez mon dernier soupir pour prendre possession du château dont vous êtes dès maintenant le propriétaire par des actes bien authentiques.

À présent, laissez-moi tout à Dieu… priez-le… aussi… pour ceux qui n’ont pas eu… comme moi… le bonheur de se réconcilier avec lui… avant de mourir… Adieu !…

Le lendemain matin, le comte de Langeac arriva de bonne heure à la Belle-Jardinières et fut reçu par Urbain.