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Les Exploits d’Iberville

lence vers le village de Lachine, favorisés par une tempête de grêle et de pluie.

Bientôt toute la troupe atteignit les premières maisons du village. À droite de la modeste chapelle était située la ferme du père Kernouët. Tête d’Aigle y plaça trente guerriers avec ordre de faire bonne garde, de ne pas toucher à ses habitants, de les empêcher seulement de quitter la maison.

Une telle attention de la part du chef sauvage mérite explication.

Quelque temps auparavant, des ambassadeurs iroquois avaient été envoyés à M. de Frontenac, qui était alors gouverneur. L’entrevue, qui eut lieu à Montréal, fut le prétexte d’une grande démonstration afin de frapper l’imagination de ces enfants des bois. Tête d’Aigle remarqua Yvonne parmi les jeunes filles qui assistaient à la fête, et sa beauté fit une impression profonde sur son esprit. De retour dans son pays, l’image de la jeune fille le suivit et depuis lors, il n’eût qu’une pensée : la ravir à ses parents pour l’emmener et en faire l’ornement de son wigwam.

De distance en distance, la troupe s’arrêtait, quelques guerriers s’en détachaient et demeuraient stationnaires devant la maison désignée, ne devant commencer l’attaque que sur le signal donné par le chef.

Bientôt le village fut ainsi entièrement bloqué ; sans qu’aucun des habitants se doutât du danger qui le menaçait.