Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/142

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digner contre ces hommes frivoles qui, par leurs misérables pointilleries, ont avili la sublime simplicité de l’Évangile, et réduit en sillogismes la doctrine de Jésus-Christ. Mais il s’agit aujourd’hui de me défendre, et non d’attaquer.

Je vois que c’est par l’histoire et les faits qu’il faudrait terminer cette dispute. Si je savais exposer en peu de mots ce que les sciences et la religion ont eu de commun dès le commencement, peut-être cela servirait-il à décider la question sur ce point.

Le peuple que Dieu s’était choisi n’a jamais cultivé les sciences, et on ne lui en a jamais conseillé l’étude ; cependant, si cette étude était bonne à quelque chose, il en aurait eu plus besoin qu’un autre. Au contraire, ses chefs firent toujours leurs efforts pour le tenir séparé, autant qu’il était possible, des nations idolâtres et savantes qui l’environnaient : précaution moins nécessaire pour lui d’un côté que de l’autre ; car ce peuple faible et grossier était bien plus aisé à séduire par les fourberies des prêtres de Baal que par les sophismes des philosophes.

Après des dispersions fréquentes parmi les Égyptiens et les Grecs, la science eut encore mille peines à germer dans les têtes des Hébreux. Josèphe et Philon, qui partout ailleurs n’auraient été que deux hommes médiocres, furent des prodiges parmi eux. Les saducéens, reconnaissantes à leur irréligion, furent les philosophes de Jérusalem ; les pharisiens, grands hypocrites, en furent les