Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/147

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Ses plus illustres défenseurs les déplorèrent souvent en termes pleins de force et d’énergie ; souvent ils tentèrent d’en bannir toute cette science mondaine qui en souillait la pureté. Un des plus illustres papes en vint même jusqu’à cet excès de zèle de soutenir que c’était une chose honteuse d’asservir la parole de Dieu aux règles de la grammaire.

Mais ils eurent beau crier ; entraînés par le torrent, ils furent contraints de se conformer eux-mêmes à l’usage qu’ils condamnaient ; et ce fut d’une manière très-savante que la plupart d’entre eux déclamèrent contre le progrès des sciences.

Après de longues agitations, les choses prirent enfin une assiette plus fixe. Vers le dixième siècle, le flambeau des sciences cessa d’éclairer la terre ; le clergé demeura plongé dans une ignorance que je ne veux pas justifier, puisqu’elle ne tombait pas moins sur les choses qu’il doit savoir que sur celles qui lui sont inutiles, mais à laquelle l’Église gagna du moins un peu plus de repos qu’elle n’en avait éprouvé jusque-là.

Après la renaissance des lettres, les divisions ne tardèrent pas à recommencer plus terribles que jamais. De savants hommes émurent la querelle, de savants hommes la soutinrent, et les plus capables se montrèrent toujours les plus obstinés. C’est en vain qu’on établit des conférences entre les docteurs des différents partis : aucun n’y portait l’amour de la réconciliation, ni peut-être celui de la vérité ; tous n’y portaient que le désir de briller aux dé-