Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/196

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blême assez singulier sur le passage qui m’occupe actuellement. Ce serait, en ôtant les deux premières lignes et le lisant isolé, de deviner s’il est tiré de mes écrits ou de ceux de mes adversaires.

« Les bons livres sont la seule défense des esprits faibles, c’est-à-dire des trois quarts des hommes, contre la contagion de l’exemple. » Premièrement, les savants ne feront jamais autant de bons livres qu’ils donnent de mauvais exemples. Secondement, il y aura toujours plus de mauvais livres que de bons. En troisième lieu, les meilleurs guides que les honnêtes gens puissent avoir sont la raison et la conscience : Paucis est opus litteris ad mentem bonam. Quant à ceux qui ont l’esprit louche ou la conscience endurcie, la lecture ne peut jamais leur être bonne à rien. Enfin, pour quelque homme que ce soit, il n’y a de livres nécessaires que ceux de la religion, les seuls que je n’ai jamais condamnés.

« On prétend nous faire regretter l’éducation des Perses. » Remarquez que c’est Platon qui prétend cela. J’avais cru me faire une sauvegarde de l’autorité de ce philosophe, mais je vois que rien ne me peut garantir de l’animosité de mes adversaires : Tros Rutulusve fuat, ils aiment mieux se percer l’un l’autre que de me donner le moindre quartier, et se font plus de mal qu’à moi[1]. « Cette éducation était, dit-on, fondée sur des principes

  1. Il me passe par la tête un nouveau projet de défense, et je ne réponds pas que je n’aie encore la faiblesse de l’exécuter quelque jour. Cette défense ne sera composée que de raisons tirées des philo-