Page:Rousseau - Philosophie, 1823.djvu/219

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cultiver les lettres que je méprise, je m’en défends sans nécessité ; car, quand le fait serait vrai, il n’y aurait en cela aucune inconséquence ; c’est ce qui me reste à prouver.

Je suivrai pour cela, selon ma coutume, la méthode simple et facile qui convient à la vérité. J’établirai de nouveau l’état de la question ; j’exposerai de nouveau mon sentiment, et j’attendrai que, sur cet exposé, on veuille me montrer en quoi mes actions démentent mes discours. Mes adversaires, de leur côté, n’auront garde de demeurer sans réponse, eux qui possèdent l’art merveilleux de disputer pour et contre sur toutes sortes de sujets. Ils commenceront, selon leur coutume, par établir une autre question à leur fantaisie ; ils me la feront résoudre comme il leur conviendra. Pour m’attaquer plus commodément, ils me feront raisonner, non à ma manière, mais à la leur : ils détourneront habilement les yeux du lecteur de l’objet essentiel, pour les fixer à droite et à gauche. Ils combattront un fantôme, et prétendront m’avoir vaincu ; mais j’aurai fait ce que je dois faire, et je commence.

« La science n’est bonne à rien, et ne fait jamais que du mal ; car elle est mauvaise par sa nature. Elle n’est pas plus inséparable du vice, que l’ignorance de la vertu. Tous les peuples lettrés ont toujours été corrompus ; tous les peuples ignorants ont été vertueux : en un mot, il n’y a de ce vices que parmi les savants, ni d’homme vertueux que celui qui ne sait rien. Il y a donc un moyen