Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/116

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— « L’écho du bois d’Arghyros envoyant à Constantin Canaris l’arome des fleurs évoquées. »

Soreau, composant le personnage de l’illustre marin, se tenait de profil au premier plan, les mains placées en porte-voix autour de sa bouche.

Près de lui, plusieurs compagnons gardaient une attitude de surprise émerveillée.

Sans bouger, Soreau prononça distinctement le mot « Rose », qui bientôt fut répété par une voix partie de la coulisse.

Au moment précis où l’écho résonnait, un parfum de rose, intense et pénétrant, se répandit sur la place des Trophées, frappant à la fois toutes les narines pour s’évanouir presque aussitôt.

Le mot « Œillet », jeté ensuite par Soreau, eut la même répercussion phonétique et odorante.

Tour à tour le lilas, le jasmin, le muguet, le thym, le gardénia et la violette furent appelés à voix haute, et chaque fois l’écho propagea de puissants effluves odoriférants, en parfait rapport avec le vocable docilement redit.

Les rideaux se croisèrent sur ce tableau poétique, et l’atmosphère se débarrassa promptement de tout vestige enivrant.