Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/169

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sortit de sa poche une petite lanterne sourde, qu’il coucha bien à plat sur la surface de terre affleurant en dedans les bords du pot de grès. Un courant électrique, mis en activité au sein de ce phare portatif ; projeta soudain une éblouissante gerbe de lumière blanche, pointée vers le zénith par une puissante lentille.

Soulevant alors le bocal tenu horizontalement, Fuxier tourna une clé placée à l’extrémité du tube métallique, dont l’ouverture, dirigée avec soin vers une portion déterminée du cep, laissa fuser au dehors un gaz violemment comprimé. Une brève explication de l’opérateur nous apprit que ce fluide, mis en contact avec l’atmosphère, provoquait partiellement une chaleur intense, qui, jointe à certaines propriétés chimiques très particulières, allait faire mûrir devant nous une grappe de raisin.

Il achevait à peine son commentaire que déjà l’apparition annoncée se révélait à nos regards sous la forme d’un imperceptible grappillon. Possédant le pouvoir prêté par la légende à certains fakirs de l’Inde, Fuxier accomplissait pour nous le miracle de l’éclosion soudaine.

Sous l’action du courant chimique les grains se développèrent rapidement, et bientôt une grappe de raisin blanc, pesante et mûre, pendit isolément sur le côté du cep.

Fuxier reposa le bocal sur le sol après avoir