Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/257

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Mossem approuva le projet, dont la réalisation lui paraissait, comme à Rul, d’une urgente nécessité. Il jeta son dévolu sur une jeune beauté nommée Djizmé, dont le visage d’ébène découvrait, au moyen d’un sourire enivrant, des dents d’une étincelante blancheur.

Djizmé s’habitua vite aux privilèges de sa haute situation ; Mossem, s’appliquant à bien jouer son rôle, satisfaisait ses moindres caprices, et d’un mot la jeune femme obtenait pour ses créatures les faveurs les moins méritées.

Ce crédit groupa vite auprès de la favorite du ministre une nuée de solliciteurs qui se pressaient pour avoir audience. Djizmé, heureuse et flattée, dut bientôt réglementer cet envahissement.

Sur sa prière, Mossem découpa dans plusieurs feuilles de parchemin un certain nombre de rectangles souples et minces sur chacun desquels il traça finement ce nom : « Djizmé », figurant ensuite dans un des angles, au moyen d’un dessin sommaire, trois différentes phases de lunaison.

C’étaient en somme de vraies cartes de visite, qui, répandues à profusion, indiquèrent aux intéressés les trois jours de réception choisis pour chaque période de quatre semaines par la toute-puissante intermédiaire.