Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/277

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et sortit des profondeurs du vieux sac une feuille de carton percée d’un certain nombre de trous irrégulièrement disposés. Cet appareil, appelé grille en langage cryptographique, devait permettre aux deux amants de correspondre sans danger. Une phrase, écrite au moyen des trous appliqués sur du papier blanc, pouvait être rendue inintelligible par l’adjonction de lettres quelconques, tracées au hasard pour remplir avec ordre les intervalles primitivement ménagés. Seul Velbar saurait retrouver le sens du billet en plaçant sur le texte une grille exactement semblable.

Mais ce subterfuge demandait une explication préalable et rendait nécessaire une entrevue discrète qui mettrait en présence Velbar et Angélique. La vieille ne pouvait aller à la caserne sans s’exposer à une dangereuse rencontre avec l’adjudant, parfaitement au courant de son intimité avec Flore ; d’autre part, convier Velbar à venir chez elle serait éveiller la méfiance du jeune zouave, qui ne pourrait voir dans cet appel que le désir intéressé d’une consultation payante. Angélique résolut donc de fixer le rendez-vous dans quelque endroit public, en indiquant un signe de reconnaissance propre à éviter toute surprise.

Sous les yeux de Flore, la vieille rédigea une lettre anonyme pleine de séduisantes promesses :