Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/292

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Mais Talou, éveillé par les pas légers de Rul, venait de se précipiter dans la case de Sirdah, juste à temps pour voir le geste criminel. Il comprit aussitôt le but de la mère dénaturée, qu’il entraîna brutalement au dehors pour la remettre aux mains de trois esclaves chargés de la garder à vue.

L’empereur revint ensuite auprès de Sirdah, que le bruit avait tirée de son profond sommeil ; le mal agissait déjà, et un voile commençait à s’étendre sur les yeux de la pauvre enfant.

Par ordre de Talou, ivre de fureur, Rul, destinée à une mort atroce, fut incarcérée avec Mossem, Naïr et Djizmé.

Le lendemain, la maladie de Sirdah avait fait de foudroyants progrès ; deux taies opaques, formées en quelques heures sur ses yeux, la rendaient complètement aveugle.

Voulant une opération immédiate, l’empereur, à la nuit tombante, traversa le Tez avec sa fille et s’approcha d’une hutte assez vaste habitée par Bachkou.

Mais l’endroit consacré pour le magique traitement confinait à la rive gauche du fleuve, et, par ce seul fait, appartenait au Drelchkaff.

Or, le roi Yaour IX, ayant appris le crime de Rul et prévoyant la démarche du père et de la fille, s’était hâté de donner à Bachkou des instructions sévères et précises.