Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/302

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et ses six fils puis les quatre frères Boucharessas et leur sœur apparaissaient tout à coup dans le cirque et montaient isolément sur les douze chars, attelés chacun d’un seul cheval entraîné par quelque rapide dressage.

L’ensemble des équipages sonores, rangés côte à côte sur un rayon de la piste circulaire, donnait la gamme diatonique de do, depuis la tonique grave jusqu’au sol aigu.

Sur un signe de Stéphane Alcott, une promenade commençait, lente et mélodieuse. Les chars, avançant l’un après l’autre suivant un ordre et un rythme déterminés, exécutaient une foule d’airs populaires, soigneusement choisis parmi les refrains ou rengaines dépourvus de modulations. L’alignement était vite rompu par la valeur et la fréquence des notes ; tel char, en émettant une ronde, dépassait de quatre ou cinq mètres le véhicule voisin, qui, chargé de lancer une simple double-croche, franchissait à peine quelques lignes. Bientôt dispersés sur toute l’étendue de la piste, les chevaux, habilement fouettés, partaient toujours au moment voulu.

Onze chars s’étaient brisés pendant l’atterrissage. Le seul resté intact fut confisqué par Talou au profit du jeune Kalj, qui, chaque jour plus faible, avait besoin de longues et saines promenades faites sans fatigue.

Un fauteuil d’osier provenant du Lyncée fut