Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/332

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Agathe et ses deux frères Claude et Justin, tous trois aussi envieux qu’elle-même ; cette clique infernale faisait la loi, criant et gesticulant du matin au soir. Ursule, principalement, servait de cible aux railleries de Gervaise aidée de ses acolytes, et c’est à grand’peine que Maffa parvenait à soustraire la fillette aux mauvais traitements dont on la menaçait.

Au bout de deux ans, Jouandon mourut de consomption, miné par le chagrin et le remords, s’accusant d’avoir fait le malheur de sa fille en même temps que le sien par la déplorable union qu’il n’avait pas eu la force de rompre.

Gervaise et ses trois complices s’acharnèrent plus que jamais après la malheureuse Ursule, qu’ils espéraient faire mourir comme son père afin d’accaparer ses richesses.

Indignée, Maffa se rendit un jour auprès des guerriers de sa tribu et dépeignit la situation au vieux sorcier Nô, réputé pour son pouvoir très étendu.

Nô promit de châtier les coupables et suivit Maffa, qui le guida vers l’habitation maudite.

En longeant le lac Ontario ils aperçurent de loin Gervaise et Agathe se dirigeant vers la rive, escortées de leurs deux frères, qui portaient Ursule immobile et muette.

Les quatre monstres, mettant à profit l’absence de la nourrice, avaient bâillonné l’enfant,