Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/421

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un châtiment trop doux, Talou désirait voir s’élever, au bord de la place des Trophées, une sorte de socle sur lequel serait fixé le collet tendu certain soir par Séil-kor. Voué à une immobilité continuelle et trouvant à peine la place de s’étendre pour sommeiller, Naïr, le pied pris dans la boucle qui une fois déja lui avait été fatale, travaillerait sans relâche à la confection de ses délicats engins. Pour ajouter le supplice moral à l’énervante contrainte physique, le chapeau melon, le gant de Suède et la lettre à vignettes, véritables instruments de sa ridicule mésaventure, seraient placés sans cesse à portée de sa vue.

Afin de rendre plus complète la figuration du sacre, Talou réclamait encore une prison, d’où les condamnés, preuves vivantes de son pouvoir absolu, assisteraient à son triomphe.

Après l’exposé de ces sinistres nouvelles, Sirdah nous fit part d’un événement heureux également fixé pour le jour du gala. Il s’agissait de sa propre guérison effectuée par le sorcier Bachkou, qui maintenant était soumis à l’autorité de Talou. Dans son impatience, l’empereur avait voulu conduire sa fille à l’habile opérateur le soir même de la bataille du Tez. Mais Sirdah s’était refusée à recouvrer la vue en une journée souillée par tant de sang répandu. Elle préférait garder cette joie supplémentaire pour la date