Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/53

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s’en alla lentement, en roulant avec effort son étonnante manivelle.


Après ce départ, un négrillon de douze ans, à mine espiègle et souriante, s’avança tout à coup avec mille gambades.

C’était Rhéjed, l’un des jeunes fils de l’empereur.

Il tenait sous son bras gauche une sorte de rongeur au poil roux qui remuait de tous côtés ses oreilles minces et dressées.

Dans sa main droite l’enfant soulevait une légère porte peinte en blanc qui semblait empruntée à quelque armoire de petite taille.

Posant ce mince battant sur le sol, Rhéjed prit par une poignée apparente certain stylet de forme grossière glissé debout dans son pagne rouge.

Sans attendre il tua net le rongeur, d’un coup sec de l’étroite lame, qui s’enfonça dans la nuque poilue où elle resta fichée.

L’enfant saisit vivement par les pattes de derrière le cadavre encore chaud qu’il plaça au-dessus de la porte.

Bientôt une bave poisseuse se mit à couler de la gueule pendante.