Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/216

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Pour la remercier de l’immense intérêt
Qu’elle lui porte si gentiment, il est prêt
À faire de nouveau voir la plaisanterie
Une seconde fois, pour tâcher qu’elle rie
Un peu plus fort et plus franchement que cela ;
Puis il fait en massant ses genoux un « holà »
Qui fait réaugmenter les rires de plus belle ;
Un pierrot en riant se tape avec sa pelle,
D’un geste machinal, sur le gras du mollet ;
Le gros reprend, gardant son sérieux, qu’il est
Profondément touché que son accident puisse
Causer tant de chagrin ; il se frotte la cuisse
En l’abaissant, puis en la levant sous sa main,
Disant qu’elle est bien sûr cassée et que demain,
Si par quelque miracle il est encore en vie,
Ce dont il n’a du reste à présent guère envie,
Il ne manquera pas d’avoir un joli bleu ;
Puis, en s’arrêtant net, il jure : « Sacrebleu !
C’est curieux, voilà-t-y pas que je vois trouble ! »
Et voyant tout le temps le rire qui redouble