Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/288

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Quelque temps sans bouger du tout. Puis il regarde,
Et dit : « Continuons, hein ? du même côté ;
Ça ne t’a pas fait mal au pied d’avoir sauté
Du banc ? tu sais, ton pied a tourné sur la plage. »
Elle dit : « Oh ! je n’y pensais plus. » Un tapage
De gens passe très loin, chantant à pleine voix.
Roberte reprend : « Tiens, c’est drôle, je ne vois
Plus personne là-haut, au premier ; ça m’étonne
Qu’ils n’aient pas attendu plus longtemps. » Il dit : « Donne
Moi tes mains et mettons-nous bien vite en chemin. »
Il vient de prendre dans sa main gauche, sa main
Gauche ; lui faisant signe après, dans sa main droite,
Il lui prend sa main droite, et va. La mer miroite
De temps en temps ; il fait calme partout. Parfois
Ils se disent tous deux : « Je t’aime ! » à demi-voix.
Il écarte du pied un gros morceau de verre.
Par moments dans ses mains doucement il lui serre
Les siennes ; tous les deux font ensemble leurs pas
Lents.