Page:Roussel - La Doublure, 1897.djvu/318

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C’est un jour, à Menton, soudain, qu’elle est partie ;
Le soir ils devaient faire encore une partie,
Car ils n’avaient jamais rien eu de grave entre eux ;
Il était sorti seul prendre pour tous les deux
Assez loin de l’hôtel des places au théâtre ;
Il la voyait toujours, dans sa robe rougeâtre,
Celle qu’il aimait tant et qui faisait si bien
Ressortir son teint mat, et n’ayant l’air de rien
Quand il était parti, l’embrassant. Tout de suite
En rentrant il s’était aperçu de sa fuite
Et, courageux, longtemps sur le grand canapé,
Calme, il avait songé ; puis s’était occupé,
S’attendant après tout à cette fin normale,
Se croyant sans regrets, de renvoyer sa malle
Qu’en partant elle avait laissée, éparse, là.
Sans cesse il se disait : « C’est ainsi que cela
Devait être. » Il avait tout l’argent nécessaire
Et plus pour revenir. Mais bientôt la misère
Au bout de quelques jours à peine l’avait pris
Après son retour rue Alibert, à Paris.