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Page:Roussel Souvenirs d'un ancien magistrat d'Algérie 1897.djvu/16

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chercher à les séparer de manière à en faire des unités isolées, autonomes et opposées, serait sans aucun doute une tentative illusoire.

Les Musulmans, de quelque groupe social distinct ou de quelque secte religieuse qu’ils se réclament, habitants de la plaine, de la montagne, des villes ou des oasis, forment un ensemble lié et compact. N’y eût-il d’autre explication à en donner que la persistance sur tous Les points de la circonférence des mêmes idées morales, cette explication serait suffisante. C’est là la base de l’amalgame. Le Coran, d’où ces idées dérivent, a fondé et soudé tous ces éléments, dont quelques-uns étaient peut-être originairement fort disparates. Tant qu’elles n’auront point changé, l’on s’évertuera en vain à désagréger un milieu si cohésif. On fera naître des rivalités d’intérêts, on provoquera des luttes armées entre Kabyles et Arabes, ou dans le sein d’une même tribu, on créera des Sofs ; mais ce ne seront que des dissentiments passagers, restera un ciment indestructible et, à un moment donné, le faisceau se reconstituera tout entier de lui-même. L’affirmer n’est point prédire, c’est se souvenir. L’histoire des insurrections atteste péremptoirement l’immuable et irréductible ténacité de ce vieux levain au fond des âmes.

Peut-être en a-t-on fini avec les levées de