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Page:Roussel Souvenirs d'un ancien magistrat d'Algérie 1897.djvu/17

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boucliers, ou du moins ne paraissent-elles pas à craindre de bien longtemps en l’état de dépression où se trouve aujourd’hui réduit l’indigénat musulman ; mais la guerre n’existe pas uniquement par le fait des conflits sanglants, elle est dans le désaccord des esprits, dans la divergence des aspirations et des volontés qui résultent de l’écart des principes de morale. Partout où manque à cet égard l’unité de vues et de direction, la paix sociale n’est qu’en surface. Les idées morales des Musulmans ne sont pas celles des peuples chrétiens.

Non qu’ils ne pensent, comme nous, que s’approprier le bien d’autrui, tuer son semblable, sont des actes illicites, et qu’ils n’aient en conséquence un droit civil et un droit pénal ; mais le vol, l’homicide, le viol, que nous jugeons toujours condamnables, leur apparaissent quelquefois comme des actes méritoires.

Duper, massacrer un infidèle, le croyant, non seulement, ne s’en fait nul scrupule, mais il a la conviction d’être par là agréable à son Dieu. Ces tendances sont combattues par certaines traditions de générosité, par de nobles sentiments individuels, par d’autres mobiles moins honorables. Ainsi, la peur du gendarme arrête beaucoup de mauvaises actions, mais le Musulman n’est point insensible aux bons