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Page:Roussel Souvenirs d'un ancien magistrat d'Algérie 1897.djvu/23

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corpus juris très copieux ; il n’en est pas de même pour leur droit pénal. J’ignore s’il existe quelque recueil qui en relate les édictions, mais il est connu de tout le monde qu’ils avaient à cet égard des procédés très sommaires, consistant surtout à infliger des châtiments corporels, tout à l’arbitraire du cadi, le plus fréquemment la bastonnade, la mutilation, en de nombreux cas, la mort. On coupait la tête aux gens pour des faits auxquels nous appliquons une sanction beaucoup plus indulgente, et même pour des actes qui n’ont, à nos yeux, aucune valeur morale, ainsi de simples incongruités. À la fin d’un dîner, une éructation est accueillie par des saluts. Votre hôte la tient pour un rapport favorable qu’émet votre estomac sur le repas qu’il vous a offert. Mais si, par malheur, le son se trompe de chemin et s’échappe par un autre orifice, c’est une mortelle injure envers l’assistance[1]. De pauvres diables ont subi le dernier supplice pour ce manquement aux convenances. Je demandais un jour à un cadi, qui passait pour savant jurisconsulte, quelques explications sur le droit criminel musulman, ses principes, ses dispositions, etc… « Nous avons

  1. V. La justice en Algérie, les Tribunaux indigènes. Revue des Deux-Mondes, 1er août 1876.