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Page:Roussel Souvenirs d'un ancien magistrat d'Algérie 1897.djvu/24

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toujours considéré, me répondit-il, qu’il fallait avant tout réparer le mal. Si la partie lésée acceptait une Dia (compensation en argent, prix du sang), la justice n’intervenait guère. Quand il n’y avait pas moyen de s’arranger, elle prononçait, suivant que le fait lui paraissait plus ou moins grave, des restitutions pécuniaires, l’ensilotement, la bastonnade, la mort. — « Punissait-on l’adultère ? — C’était possible et cela a dû arriver ; mais on laissait plus volontiers l’époux outragé ou ses parents se charger du soin de la vengeance. » Il ajouta que le talion était dans les usages, et que les cadis avaient souvent l’occasion de condamner à mort. Il est certain que ces magistrats faisaient un tel abus de la peine capitale que nous avons dû leur interdire de la prononcer en aucun cas (1845). Déjà, en 1841, on leur avait enlevé la connaissance des infractions de droit commun, mais ils continuaient d’envoyer à la mort sous d’autres prétextes, notamment le sacrilège. Notre mansuétude à l’égard des délits religieux causa même une grande surprise.

Si la religion corrige quelquefois des instincts pervers et inspire de louables actions, elle n’a pas toujours le pouvoir d’amender en tous sens ses plus fervents adeptes, et cette société musulmane, si éminemment religieuse, montre,