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Page:Roussel Souvenirs d'un ancien magistrat d'Algérie 1897.djvu/31

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prêté, et je ne lui dois que des coups de bâton. »

Je me suis enquis auprès d’israélites âgés, nés et ayant toujours vécu en Algérie. Ils ont répondu que l’Arabe disait vrai, que du temps des Turcs et même dans les commencements de notre domination, il était permis aux Musulmans, le jour d’une de leurs fêtes, de supplicier un juif, celui qu’ils rencontraient le premier dans la rue, ou tout autre qui se dévouait à sa place.

Ces dispositions violentes, nées et développées sous l’influence permanente de l’habitat et des idées morales, s’exaspèrent à certains jours où soufflent sur les tribus des vents de haine et de colère. Alors, les masses cèdent à un entraînement instantané, se communiquant d’un individu à l’autre, par une commotion en quelque sorte électrique, dominatrice, irraisonnée, comme celle qui produit sur les champs de bataille cette ardeur qu’on appelle le courage des coudes, ou à l’inverse, les paniques. C’est généralement à la veille des prises d’armes, lorsque la rébellion circule dans l’air et a éclater. Elle a pour prodromes invariables les pillages, l’incendie, le meurtre, et leur multiplicité est un avertissement pour l’autorité.

La foule est complice de ces attentats isolés,