Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/94

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Yedo, couvertes de centaines de barques pêchant sous voiles, de l’autre la chaîne des hautes montagnes de l’île Nipon[1] se dessinant à l’horizon comme un nuage ; plus loin encore, le pic neigeux du Foudsiyama, dressant à trois mille mètres son cratère éteint depuis des années : c’est le point culminant du pays et la superstition japonaise en a fait le théâtre de nombreuses légendes. Il y a enfin, dans cette nature, un charme qui séduit le voyageur et reste empreint dans ses souvenirs. Cela tient peut-être à la latitude méridionale du pays et à la beauté de son climat : le peintre y retrouve à la fois une fraîche verdure, des aspects pittoresques et une puissante lumière ; c’est, en un mot, le riant aspect des plus belles campagnes de notre France, avec le ciel bleu de la Sicile et la transparence de ses horizons.

En sortant de Yokohama par le quartier indigène, au nord, on trouve, au delà des ponts, la route de Kanagawa qui conduit sur la colline habitée par les gouverneurs. Ces derniers, ayant à la fois les deux villes sous leur juridiction, sont en quelque sorte campés sur le chemin qui les réunit. Leur habitation se compose de nombreux corps de logis en bois sans étages ; à l’intérieur même simplicité ; ce

  1. La principale île du Japon, celle où se trouvent les deux capitales, Yedo et Miako.